L’École Nationale des Fleuristes vient de faire sa rentrée. Qu’est-ce que ça veut dire être Fleuriste aujourd’hui ?

Être fleuriste, c’est passionnant, épanouissant. C’est un métier, porteur de sens et de valeurs, qui permet de se réaliser profondément.
On n’arrive pas par hasard à l’École Nationale des Fleuristes. Ce n’est pas une orientation par défaut parce qu’on n’est pas bon à l’école. C’est un choix. Que l’on soit attiré par sa dimension artisanale, artistique, entrepreneuriale ou commerciale, le métier de fleuriste est un métier de partage, d’empathie, d’écoute. Et parce que nous sommes commerce de proximité, nous nous inscrivons dans le quotidien de nos clients, que ce soient des particuliers ou des entreprises. Nous sommes là à toutes les étapes de la vie, de la naissance au décès. Dans nos boutiques, sur les étals de nos marchés, nous accompagnons nos clients dans tous les évènements de leur vie, personnelle ou professionnelle. Ils arrivent avec un désir, parfois fou, parfois humble, et nous nous devons de le réaliser dans le respect de ce souhait en faisant jouer notre créativité, notre inventivité.

Et c’est la valeur de nos savoir faire, de notre expertise et de nos conseils qui font de ce métier un métier d’excellence. Ce sont ces valeurs, porteuses de sens que nous transmettons à nos élèves.

Il y a d’une part la motivation de l’élève, ses ambitions et aspirations, mais tout ne peut pas reposer sur l’École pour qu’il réussisse… Le maitre d’apprentissage joue un grand rôle dans la transmission de nos savoir-faire et du savoir-être.

J’entends parfois des fleuristes dire qu’ils ont un apprenti qui ne sait rien faire, ou d’un jeune salarié qu’il n’a rien appris en formation.

Je rappelle que tous les apprentis passent 60 % de leur formation en entreprise. Le rôle du maitre d’apprentissage est donc primordial. On ne peut pas se défausser et tout renvoyer sur l’enseignement théorique.

C’est chez nous, dans nos entreprises que l’apprenti met en pratique les savoir-faire et qu’il acquiert compétence et autonomie. C’est l’engagement du maitre d’apprentissage qui fera de son apprenti un bon professionnel.

N’oublions pas que nous sommes tous responsables de l’attractivité de notre métier. Les apprentis d’aujourd’hui sont les professionnels de demain, nos salariés et nos repreneurs.

Avez-vous constaté une évolution dans les profils des étudiants ?

On peut penser que la crise sanitaire a déclenché des vocations ou des désirs de changement. Que la quête de sens a conduit des jeunes vers nos bancs. Mais c’est une tendance de fond, globalement, pour toutes les filières et en particulier la nôtre et qui avait commençait en 2020.

Ce qui est vrai, c’est qu’il y a moins de très jeunes élèves qui arrivent du collège ou du lycée. Aujourd’hui, nous avons une large majorité de jeunes qui arrivent avec des parcours très atypiques. Ils sont issus d’autres formations ou CAP, parfois de grandes écoles ou en reconversion après des années en entreprise.

Comme je le disais, ils n’arrivent pas par hasard. Chacun a fait une démarche personnelle. D’ailleurs nombre d’entre eux se présentent avec un projet professionnel précis et même un maitre d’apprentissage. Certes, ils ont parfois une vision fantasmée du métier, mais dans l’ensemble, ils savent à quoi ils s’engagent.

Autre évolution notable et non des moindres, c’est la poursuite des études après le CAP. Là aussi c’est une tendance de fond. Peut-être d’ailleurs corrélée à ce changement de public, plus mature, plus tourné vers l’insertion professionnelle.

Ces jeunes perçoivent bien que la seule obtention d’un CAP ne leur permettra pas d’évoluer dans leur carrière. Ils poursuivent leur cursus en BP pour parfaire leur formation et étendre leurs champs des savoirs et des compétences.

Cette année, nous allons former plus de 400 élèves à l’école dont environ 210 en BP. Et nos élèves n’ont aucun problème pour trouver un maitre d’apprentissage ni un emploi à la sortie.

C’est formidable, cela démontre la vivacité et l’intérêt qui est porté à notre profession.

Pour autant, il y a encore beaucoup d’entreprises en recherche de main d’œuvre, le métier est en tension et l’enjeu est de garder nos jeunes dans la filière, de la rendre attractive.

L’apprentissage est au cœur du projet gouvernemental. Et si le gouvernement a maintenu l’aide aux entreprises lorsqu’elles recrutent un apprenti, ses positions peuvent nous sembler paradoxales, puisqu’il a annoncé au début de l’été, une baisse de 10 % des dotations pour la formation professionnelle.

Chacun sait que 10 % de baisse d’un chiffre d’affaires pour un effectif constant a nécessairement un impact et met la structure en tension.

Pour l’instant, le coût salarial dans l’entreprise pour former un apprenti est infime. Mais attention, ce n’est pas une main d’œuvre docile et bon marché. Nous devons être vigilants avec les maisons qui ne respectent pas les valeurs de transmission ou qui restent dans des schémas managériaux dépassés.

Nous ne pouvons pas cantonner les apprentis à des tâches ingrates et peu valorisantes. D’abord parce que ce n’est pas intéressant et parce qu’au contraire, il faut les voir comme un investissement sur l’avenir, l’avenir de notre filière.

C’est d’ailleurs l’une des grandes missions de l’Union Nationale des Fleuristes.

Nous devons faire face aux évolutions incontournables et aux attentes sociales et écologiques de la société.

Et à travers nos adhérents, chefs, d’entreprise, maitres d’apprentissage, à travers nos étudiants, nous avons la chance d’être en prise directe avec l’avenir de notre profession qui s’écrit.

Nous pouvons agir ensemble, actionner des leviers, rassembler pour élaborer des solutions compatibles avec nos contraintes, avec toute la diversité de nos maisons, de nos pratiques, de nos modèles économiques, dans tous nos territoires.

Nous devons nous projeter et réfléchir avec les acteurs du secteur pour gagner en performance, en agilité, et répondre aux défis qui s’annoncent.

D’ailleurs, je l’ai déjà annoncé au début de l’été, nous organisons à l’automne prochain nos premières Assises qui seront consacrées à la Traçabilité de la Fleur. Elles se tiendront en en présentielle et seront diffusées en live sur YouTube, le 3 octobre.

Organisées autour de Tables Rondes avec des personnalités issues du monde de la fleur, d’autres industries (agroalimentaire, huiles essentielles) mais aussi de la société civile, elles aborderont sans faux-semblant la question de la provenance de la fleur et les enjeux sociaux et environnementaux qui en découlent.

Ce sera un acte et un moment fondateur pour l’ensemble des fleuristes qui sont souvent seuls face aux à l’essor des questionnements légitimes de nos clients .

Oui notre métier vit une profonde mutation, à l’instar de l’ensemble de la société.

L’Union Nationale des Fleuristes est la première organisation professionnelle à mission, qui est dirigée et qui rassemblent des professionnels en activité, de tous horizons, petites et grandes maisons, fleuristes en boutiques, fleuristes en libre services ou sur des marchés, en ville ou en zones rurales ou périurbaines, fleuristes à Paris et fleuristes en région

Nous représentons toutes les sensibilités et nous devons monter tous ensemble en compétence. Nous voulons engager la communauté des Fleuristes de toutes les générations pour valoriser l’excellence de nos savoir-faire et des terroirs d’exception.

C’est là qu’est notre véritable levier de croissance.