La traçabilité : pas encore une obligation mais un engagement personnel !
Nous voici à la croisée des chemins, moment crucial pour notre profession de fleuriste et finalement pour toute notre filière
Il est triste de constater que parfois, certains (ir)responsables de la fleur suivent aveuglément les propos médiatiques quand cela les arrange pour exister.
Quel dommage qu’ils n’aient pas pris le temps de suivre les débats et qu’ils ne connaissent pas la législation. Une faute grave quand on se dit porteur de la voix d’une partie de la corporation.
L’obligation de traçabilité, malgré les annonces de la presse, est une décision européenne. Elle n’est encore pour l’instant ni à l’ordre du jour ni prévue dans les calendriers des parlementaires.
Pour autant, sous la pression de certains lobbies, l’amalgame que font parfois la presse et les consommateurs nous enjoint à nous préparer.
Il est vraiment venu le temps de s’assoir tous à la même table, pour prendre des décisions communes, malgré parfois nos divergences d’opinion, dans le but de protéger, de renforcer notre filière. Ce qui nous amènent à nous transformer de l’intérieur.
De notre passion commune pour la fleur, toutes les fleurs, qu’elles soient françaises ou d’import, nous pouvons retenir que nous avons tous la même volonté de bien faire et surtout la volonté d’offrir le meilleur produit à nos clients.
Nous avons la volonté de nous engager dans un processus de transformation, la volonté de ne plus faire comme avant et d’arrêter de subir…
L’organisation des Assises de la Traçabilité, la participation des intervenants dans les Tables Rondes, dans la salle et en ligne…Tout démontre que nous sommes prêts, sensibles à ces enjeux et que l’ensemble de la filière souhaite s’engager !
Et c’est ce qui a fait la qualité des échanges lors de ces premières Assises de L’union Nationale des Fleuristes lundi 3 Octobre.
Si nous voulons conserver notre outil de travail et ses atouts, si nous voulons préserver notre filière, alors nous devrons tous être acteurs du changement, unis, et ne parler que d’une seule voix.
Voilà l’objet de nos Assises qui sont la première étape d’un processus entamé il y a quelques mois, après un énième reportage imprécis sur la saint Valentin. Elle a vocation à répondre et à trouver des solutions viables à l’incroyable complexité de notre filière et de ses enjeux :
Concilier les injonctions paradoxales : les enjeux de prix vs les enjeux environnementaux, répondre aux consommateurs adeptes des roses en février et à ceux qui ne tolèrent que la fleur locale et de saison dans leurs bouquets.
Qui a tort, qui a raison ? Ce n’est pas le sujet !
Le sujet est pourquoi attendre d’être contraint quand nous pouvons dès à présent valoriser nos savoir-faire, notre capacité à conseiller ? La grande distribution ne communique-t-elle pas fièrement la provenance de ses produits jusqu’à prendre les éléments de langage de l’artisanat pour rassurer le consommateur ?
Nous fleuristes, nous connaissons nos produits, nous discutons avec nos grossistes et les producteurs. Nous connaissons la réalité du marché et l’état de la production française.
Alors cessons de nous taire et de nous laisser déposséder de nos compétences et de nos savoirs.
Dans les multiples crises que nous nous apprêtons à traverser, nous devrons nous rassembler, nous adapter pour nous réinventer.
Il n’y a pas une vérité unique, ni de réalité figée, mais il y a des enjeux d’approvisionnement durable à résoudre.
Et on voit bien qu’il y a un réel intérêt, une réelle envie de faire bouger les lignes, voire d’aligner nos pratiques et de nous intégrer dans un processus responsable.
Pas parce qu’on y est contraint par le législateur, ni à cause d’une pression des média.
Non ! nous le faisons parce que c’est nécessaire pour nous démarquer et de communiquer sur nos savoir-faire, nos pratiques, nos contraintes et nos besoins.
Et je suis très heureux de voir que toutes les parties prenantes ont su se retrouver et être bien représentées lors des Assises : les grossistes et importateurs, les producteurs, les logisticiens, les acteurs de la transmission florale, les collectifs, la grande distribution, et bien sur, les fleuristes qui sont le dernier maillon de la chaine, en prise directe avec les émotions du consommateur.
Nous sommes tous là ! Parce que la fleur coupée, c’est notre dénominateur commun.
Nous ne pouvons plus, nous ne devons plus nous laisser confisquer le sujet de nos savoir-faire, de notre connaissance du végétal.
Agir en professionnels responsables
Nous devons agir en professionnels responsables. Il y a de réels enjeux d’approvisionnement durable, de vraies questions de co-développement, d’innovations et de technologie.
L’écologie du futur mérite que nous tous, professionnels du végétal, on l’appréhende avec ambition, qu’on prenne de la hauteur et qu’on s’organise pour faire preuve de transparence.
Avec nos profils, nos vécus différents, nous sommes tous conscients que les années à venir vont contracter le temps et les portemonnaies des consommateurs mais aussi des acteurs de la filière.
Si on laisse orienter le débat avec des données biaisées, on va basculer sur un désamour, un détournement du public qui pénalisera tout le monde. Alors, collectivement, nous devons être tous responsables, tous acteurs du changement !
La fleur est un langage universel qui s’adresse à tous, quel que soit le genre, la religion, l’origine ou le statut social.
C’est un fait. Et toutes les études et sondages montrent que le consommateur aime la fleur, veut s’en entourer et qu’il en a besoin pour transmettre ces émotions.
Terroir d’exception et savoir-faire d’excellence
C’est là, je suis convaincu, qu’intervient la notion de terroir d’exception et de savoir-faire d’excellence qu’il faut promouvoir et mettre en avant.
Parce que c’est crucial de comprendre que la question de la provenance est intimement liée à la manière et à l’origine de sa production.
On ne parle pas uniquement d’origine géographique mais de qualité, de maitrise des savoir-faire, d’environnement idéal pour produire une marchandise, une fleur de qualité.
Je crois qu’un bon professionnel c’est celui qui est capable de choisir et de proposer à ces clients la plus belle fleur…au bon endroit… au bon moment.
Voila pour moi ce qui s’approche de la définition de l’approvisionnement durable.
C’est un vrai bond en avant de nous retrouver tous, après la crise sanitaire, et de nous rassembler avant la crise énergétique qui s’annonce.
C’est une avancée formidable car unis on est plus fort, plus agile, et l’intelligence collective fait gagner du temps.
Ensuite, s’entendre pour apporter des premières réponses très vite, dès l’été prochain.
Rassembler, former et informer à tous les étages de la profession, des apprentis aux chefs d’entreprise, avec la mise à disposition de contenus pour appréhender et comprendre les enjeux, pouvoir communiquer les bonnes informations. S’organiser, tout simplement car nous le méritons.
Nous avons un métier formidable, les produits que nous travaillons sont des bouquets d’amour, de passion et d’émotions. Et nos clients viennent pour cela !
Nous devons pouvoir être à l’aise avec nos choix, nos achats, et savoir rassurer et conseiller nos clients.
C’est le sens de l’histoire. Nous écrivons une nouvelle page de nos métiers.
Et puis je voudrais vous rappeler à tous que c’est le sens de l’histoire.
Nous écrivons une nouvelle page de nos métiers.
Nous avons la chance et l’opportunité de créer cet esprit de filière, de semer une graine pour créer une communauté de la fleur coupée, créer cette fraternité pour engager la transformation et créer un écosystème de résistance qui renforcera nos spécificités.
Parce que ce qui serait terrible, ce serait de continuer à voir les choses comme on voudrait qu’elles soient, et non comme elles le sont réellement.
Pascal Mutel
Président de l’Union Nationale des Fleuristes
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